Problématique

Le bruit : un problème criant

Au Québec, entre 450 000 et 500 000 des 2,5 millions de travailleurs sont exposés quotidiennement à des niveaux de bruit susceptibles d’engendrer des problèmes d’audition. La maladie professionnelle causée par cette exposition au bruit est de loin la maladie professionnelle la plus recensée [1] et son coût total est le plus élevé : en 2007, 2446 cas ont été acceptés avec un coût total pour le Québec de 399 millions de dollars [2]. En 2012 le nombre de cas acceptés est passé à 4054 avec un coût total associé de 651 millions de dollars [2]. Le nombre de travailleurs touchés par cette lésion ayant très fortement augmenté (augmentation de 63% entre 2007 et 2012), il est plus que jamais nécessaire de poursuivre les efforts de prévention [1].

Le risque de perte auditive dépend du niveau de bruit au tympan ET du temps d’exposition. D’après les normes Québécoises, un travailleur peut être exposé à un niveau de bruit de 90 dBA pour une durée maximale de huit heures. Si le niveau de bruit est de 95 dBA, la durée maximum de travail autorisée tombe à quatre heures. L’aménagement du temps de travail est une solution pour réduire le temps d’exposition au bruit mais qui a ses limites. Aussi, la solution consistant à réduire le niveau d’exposition au bruit des travailleurs lui est associée.

Les moyens utilisés pour réduire le niveau d’exposition consistent à agir soit directement sur la source de bruit, soit sur l’environnement où s’effectue la propagation sonore ou encore au niveau du travailleur par l’intermédiaire d’équipements de protection individuelle. La solution la plus efficace à privilégier est sans conteste l’action au niveau de la source. Cela nécessite idéalement de prendre en compte les contraintes de bruit au niveau de la conception des machines. L’action sur le milieu de propagation consiste à implanter des traitements acoustiques, des écrans ou des encoffrements entre la machine bruyante et le travailleur. Finalement, l’action directe sur le travailleur consiste à utiliser une protection individuelle qui agit comme barrière acoustique au niveau de l’oreille afin de bloquer une certaine quantité de l’énergie acoustique provenant du milieu bruyant.

Les chercheurs de l’IRSST et de l’ÉTS, partenaires de recherche en santé et en sécurité du travail depuis des années, ont décidé d’unir leurs efforts afin de mieux s’attaquer au problème de surdité par les différentes solutions précitées. Pour mener à bien les travaux de recherche et de développement sur la protection contre le bruit, la nécessité d’un laboratoire de pointe s’est vite imposée. À  l’initiative des chercheurs de l’IRSST, ce laboratoire est aujourd’hui réalité, et il porte un nom : ICAR.

[1] Duguay, A. Boucher, M.-A. Busque, Statistiques sur les maladies professionnelles au Québec, Colloque IRSST – Maladie professionnelles : portrait, défis et perspectives, Novembre 2014.
[2] Lebeau, Maladies professionnelles : impact économique au Québec, Colloque IRSST – Maladie professionnelles : portrait, défis et perspectives, Novembre 2014.